Des sécheresses en toutes saisons
Par définition une sécheresse est une période de basses eaux. Aussi, les sécheresses se produisent à toutes les saisons.
Avant la modernitè, une note historique extraite du Mémorial de la météorologie nationale :
"1420 : Année très chaude en Lorraine où les fraises sont mûres dès le 19 avril, les cerises le 9 mai et les raisins le 18 juin : le 22 juillet, on boit du vin nouveau"
Voici ci-dessous les valeurs des VCN3 record du Doubs à la station de Neublans (39) pour chaque mois. Cette station constitue la synthèse des écoulements en provenance du massif du Jura et du sud du massif des Vosges.
mois et année | VCN3 record (m³/s) |
Nov-2018 | 8.6 |
Dec-2018 | 16.4 |
Jan-2017 | 20.6 |
Fev-1989 | 41.4 |
Mar-1993 | 36.4 |
Avr-1997 | 24.6 |
Mai-2011 | 19.2 |
Jun-1976 | 13.2 |
Jul-1976 | 12.4 |
Aoû-2003 | 9.65 |
Sep-2020 | 9.6 |
Oct-2018 | 7.15 |
Les valeurs les plus faibles sont observées classiquement en été (juillet et août) mais également à l’automne (octobre et novembre). En effet, les températures sont les plus élevées et contribuent à des évaporations très fortes. Au contraire, en plein hiver (février, mars), les bas débits sont 4 à 5 fois plus forts que ceux des sécheresses estivales.
Toutefois, force est de constater l'existence de sécheresses :
- printanières comme en 2011 « sauvée » de la sécheresse extrême par des pluies conséquentes et régulières dès le mois de juillet ;
- hivernales comme en 2016-2017 avec des débits de janvier plus bas que 21 m³/s, valeur non dépassée en août 2 années sur 3. Ces sécheresses hivernales sont « classiques » en haute montagne où les températures très froides conduisent à des précipitations sous forme exclusive de neige et donc à très peu de ruissellement. Le massif du Jura avec son exutoire à la station du Doubs à Neublans, n’est pas de la haute montagne, mais l’hiver 2016/2017 a accumulé des températures très fraîches et un déficit de précipitations en décembre et janvier suffisamment important pour que les débits de mi-janvier soient très bas.
Les sécheresses historiques de 2003 et 1976, pour les plus récentes, étaient des épisodes estivaux. Au contraire, les sécheresses récentes de 2018 et 2020 ont à peine débuté fin juin mais se sont révélées à l’automne et jusqu’au début de l’hiver (décembre 2018).
Sécheresses hivernales et automnales de 1996, 2016/2017 et 2018 du Doubs à Neublans (39) |
Sécheresses printanières et estivales de 1976, 2003 et 2011 du Doubs à Neublans (39) |
Les impacts des sécheresses diffèrent selon la saison :
- une sécheresse printanière constitue un scénario redouté qui fait craindre en cas de prolongement de l’épisode sec une sécheresse estivale très dure. Au printemps, les besoins pour les cultures sont les plus forts. Ce type de sécheresse est très préjudiciable pour l’agriculture. Au printemps, les besoins industriels sont également encore importants ;
- une sécheresse estivale impacte de plein fouet les activités agricoles. Les usages de l’eau pour l’industrie peuvent être plus faibles, mais sont compensés par les usages privés et publics (dont les piscines, jardins et espaces verts). La communication auprès du grand public peut avoir un impact fort avec des pâtures grillées et un soleil de plomb ;
- à l’automne, les besoins pour l’irrigation sont plus faibles. Mais les besoins l’élevage restent les mêmes. Par ailleurs l’activité industrielle reprend. L’ensoleillement étant bien plus faible, les évaporations sont plus faibles et les restrictions d’usage de l’eau plus délicates à imposer. La sécheresse est moins visible surtout avec le retour de la rosée du matin lié à la baisse des températures qui conduit à une impression de moins sec (les pâtures reverdissent) ;
- En hiver les besoins en eau sont plus bien plus faibles. L’impact sur les milieux de rejets d’eau important est bien plus limité lié à la fraîcheur des rivières.
Publié le 25/03/2021
Dernière mise à jour le 25/03/2021