Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations
La loi MAPTAM du 27 janvier 2014 attribue au bloc communal la compétence relative à la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI).
Les missions relevant de la compétence GEMAPI sont définies au 1°, 2°, 5°, 8° du I de l’article L. 211-7 du code de l’environnement. (voir le détail sur l'essentiel GEMAPI)
Source : CdC Bresse Haute-Seille
La gestion des ouvrages de protection
Les EPCI FP sont devenus gestionnaires des ouvrages de protection ; en d'autres termes, ils sont désormais dans l'obligation de déclarer les ouvrages mis en œuvre sur le territoire communautaire et organisés en système d'endiguement, d'annoncer les performances qu'ils assignent à ces ouvrages (Niveau de protection Np) ainsi que les zones protégées correspondantes (le nombre de personnes protégées) et d'indiquer les risques de débordement pour les hauteurs d'eau les plus élevées.
Ainsi en concentrant ainsi à l'échelon du bloc communal des compétences jusque-là morcelées, l'EPCI FP pourra concilier urbanisme, c'est-à-dire une meilleure intégration du risque d'inondation dans l'aménagement du territoire et dans les documents d'urbanisme, prévention des inondations, notamment la gestion des ouvrages de protection, et gestion des milieux aquatiques eux-mêmes. La fixation des niveaux de protection des digues revêt en effet un choix structurant pour les territoires et il est nécessaire que les autorités chargées de la Gemapi se prononcent sur ces choix, qui engageront leur responsabilité pour la suite.
Le transfert de la compétence GEMAPI comprend le transfert des ouvrages de protection contre les inondations, c'est le moment pour l'autorité GEMAPI de lister les ouvrages, de rassembler et d’analyser l’ensemble des connaissances existantes (études existantes, ouvrages classés etc...) sur les ouvrages existants sur son territoire et sur le milieu environnant. Il faut regarder comment s’inonde le territoire, quels sont les enjeux humains, quels sont les ouvrages importants et comprendre les mécanismes d’inondation.
Désormais, seule l'autorité GEMAPI peut porter les dossiers de régularisation des systèmes d'endiguement et des aménagements hydrauliques (AH) et elle sera l'unique gestionnaire des ouvrages. Ce qui ne veut pas dire que des conventions ne peuvent pas être passées avec d'autres interlocuteurs pour l’entretien et la surveillance des ouvrages.
De la digue au système d'endiguement (SE)
Une digue est un ouvrage construit dans le lit majeur de la rivière en vue d'assurer une certaine protection contre les inondations (« elle empêche l’eau de venir quelque part »), la digue de défense contre les inondations est un ouvrage linéaire, en surélévation par rapport au terrain naturel.
Un SE se compose d’une ou plusieurs digues conçues pour défendre une zone protégée contre les inondations et cela jusqu’à un niveau d’événement précis nommé le « niveau de protection ». Le SE reprend des digues déjà classées ou des digues non classées mais dont la fonction de protection contre les inondations se justifie.
Le SE est défini par l’EPCI compétent, qui définit la zone protégée et choisit son objectif de protection. La mise en œuvre peut être confiée à d’autres acteurs (État,Ets Publics, Syndicats mixtes...). L'autorité GEMAPI peut décider d'intégrer dans son SE toute digue contribuant à la protection de la zone protégée (classée ou non), quelle qu'en soit la taille et quel que soit le nombre de personnes protégées.
Le SE contient des digues classées et peut contenir plusieurs autres ouvrages anthropiques concourant à la préservation de la même zone protégée : des digues de second rang, des digues non classées, des vannes, des clapets, etc... des stations de pompage (ressuyage), des remblais routiers,ferroviaires...etc... (sauf des éléments naturels comme une colline et des barrages).
Les SE peuvent donc être des systèmes complexes impliquant un fonctionnement hydraulique particulier et pour lesquels les performances des ouvrages qui le composent doivent être soigneusement calibrés en fonction des enjeux à protéger.
Les objectifs du gestionnaire d’un système d’endiguement
- définir un niveau de protection (Np),
- définir une zone protégée (ZP).
Le niveau de protection des personnes, résidant dans une zone protégée, correspond au niveau de protection. C’est la hauteur maximale que peut atteindre l’eau sans que la zone protégée soit inondée en raison du débordement, du contournement, ou de la rupture des ouvrages du SE quand l’inondation provient directement du cours d’eau. Il correspond à la situation « pieds secs » des personnes résidant dans la zone protégée = niveau pour lequel est garanti une absence d'eau dans la zone protégée.
Ce niveau est un point majeur du dossier règlementaire et un « pivot » pour la responsabilité du pétitionnaire.
La zone protégée : pour la déterminer, il est nécessaire de définir la zone géographique que l’on souhaite effectivement protéger. La zone protégée est la zone qui, en l’absence du système d’endiguement désigné, serait inondée par la crue (en référence à un cours d’eau et à un niveau de crue). La zone protégée est donc la zone que l’on souhaite exempter de venues d’eau pour un aléa (crue) bien défini.
Exonération de responsabilité
L’autorisation environnementale permet une exonération de responsabilité en cas de dommage causés par une inondation ou une submersion au-delà du niveau de protection retenu, si la surveillance et l’entretien des ouvrages ont été réalisés dans les règles de l’art.
Classement des systèmes d'endiguement
Ils sont classés en fonction de la population qu’ils protègent. La classe des SE détermine la nature et la fréquence des obligations réglementaires qui incombent à la structure en charge du système d’endiguement :
Classe A : > 30 000 personnes en zone protégée
Classe B : de 3 000 et 30 000 personnes en zone protégée
Classe C : deux cas se présentent :
- ≤ 3 000 personnes si le SE comporte essentiellement une ou plusieurs digues établies antérieurement à la date de publication du décret n° 2015-526 du 12 mai 2015 (toutes les digues existantes)
ou
- pour les autres systèmes d'endiguement, : 30 personnes ≤ Population ≤ 3 000 personnes (ceux qui ne s’appuient pas sur des digues existantes et donc pour tous les nouveaux projets) .
Les délais réglementaires
Aujourd’hui, l’autorisation porte sur les dossiers de régularisation des systèmes d’endiguement. Le SE comporte une ou plusieurs digues et se définit en rapport direct avec la zone à protéger, et un unique pétitionnaire (l'autorité GEMAPI). Les digues classées selon le décret de 2007 pourront être intégrées dans un système d’endiguement autorisé selon les règles en vigueur, à défaut de quoi elles perdront leur statut juridique de digue, une fois les délais légaux dépassés et devront être neutralisées.
Pour les SE de classe C, le délai réglementaire donné à l'autorité GEMAPI pour déposer le dossier de régularisation est fixé au 31/12/2021. Sachant que le législateur a prévu la possibilité de proroger le délai de 18 mois. L'autorité GEMAPI doit en faire la demande avant le 31/12/2021 au préfet (DDT - Service police de l'eau) par courrier motivé (les motifs peuvent être de plusieurs type : retard sur le planning, études complémentaires, commande publique....), dans ce cas le délai pour remettre un dossier simplifié sera porter au 30/03/2023.
Report des échéances de responsabilité des gestionnaires de digues :
A compter du 01/01/2021 pour les ouvrages de classe A ou B (pour les digues protégeant plus de 30 000 personnes), et à compter du 01/01/2023 pour les ouvrages de classe C (pour les digues protégeant moins de 3 000 personnes), les ouvrages réguliers (au titre du décret 2007) non intégrés dans un système d'endiguement, cessent d'être considérés comme des "digues". Ces délais seront reportés de 18 mois dans le cas où le préfet accorde une prolongation de délai.
Les digues non intégrées à un SE après les échéances règlementaires perdront leur qualification : une digue qui ne serait pas dans un SE n'est plus une digue.
L'ouvrage doit donc être neutralisé, c'est à dire qu'il faut supprimer le sur-aléa. Cela ne veut pas dire que l'ouvrage disparait : un ouvrage sans sur-aléa ni enjeu de protection (pas d'enjeux humains) contre les inondations pourra être conservé, mais ne pourra plus être classé. Le titulaire de l'autorisation, ou à défaut d'autorisation, le propriétaire, devra neutraliser l'ouvrage. Les digues devant être enutralisées pourront être étudiée au cas par cas pour déterminer de la suppression ou non de l'ouvrage sur la base d'une étude qui permettra de déterminer si un suraléa persisite.
Synthèse des délais :
Le tableau ci dessous récapitule tous les délais :
Financer les travaux
Le financement des missions de la compétence GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) peut être assuré directement sur le budget général des communes et des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre.
Les EPCI-FP peuvent également mettre en place une taxe facultative, plafonnée et dédiée uniquement à la GEMAPI. Son produit annuel total doit correspondre aux dépenses envisagées, est plafonné et ne peut dépasser un montant équivalent à 40 €/habitant dans le territoire où la taxe est décidée.. S’agissant d’une taxe, et non d’une redevance, son montant n’est pas la contrepartie monétaire d’un « service rendu ». Elle n’est donc pas modulable en fonction de la localisation d’une personne sur un bassin versant (riverain de cours d’eau, en zone inondable ou non...) et contribue à afficher une certaine solidarité territoriale.
Cette taxe facilite le nécessaire dégagement des ressources aptes à financer la surveillance et l’entretien des digues, voire leur réhabilitation complète quand les décideurs publics souhaitent le renforcement du niveau de la protection.
Comment financer cette nouvelle competence ?
Documentation utile
Documentation du ministère
L'ensemble des informations est à retrouver sur :
- le site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
avec notamment l'essentiel à savoir sur la GEMAPI et son impact sur les ouvrages de protection ainsi que la Foire aux questions mise à jour au 1er mars 2024 - le Centre Européen de Prévention des Risques d'Inondations (CEPRI)
- Lettre d'info de la DREAL RMC (du 4 mars 2016)
Retours d'experience
- Retours d'experience sur la mise en place de la compétence (Cerema) : Retours d'expérience, enseignements, méthodologies, outils développés dans le cadre de l'appel à projet GEMAPI du Cerema et de l'INRAE
- Rex d'EPCI bretons sur la taxe (ATBVB)
- La gestion des systèmes d'endiguement par l'EP Loire (EP Loire)
- La place des ASA - (France Digues)
- Actions mixtes GEMA et PI en Bourgogne-Franche-Comté (sur ORISK)
Les mémentos techniques
- Le financement de la GEMAPI (DRIEE)
- Memento technique et reglementaire des élus gestionnaires de digues (France Digues)
- Mise en œuvre de la compétence Gemapi : Questions-réponses - Note Juridique, Novembre 2020 (AdCF/ANEB)
Autres documents et informations sur la GEMAPI : colloques, évènements, plaquettes, ...
Sciences, eau et territoires n°26
IRSTEA - Novembre 2018
L'essentiel en 10 pages
CEREMA - Juin 2018
Guide Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire / CEREMA - Juin 2018
Quels effets pour les collectivités locales au 1er janvier 2018 en matière d'ouvrages de protection ?
Guide MTE - janvier 2020
Publié le 20/04/2015
Dernière mise à jour le 18/07/2024